Quand on me demande ce que je fais, on me dit souvent "ah oui c’est du développement personnel !". Eh bien je tiens à dire que non, surtout pas.
Le développement perso c’est pour moi un des mots magiques de nos temps modernes, une case obligatoire à cocher, une réussite à inscrire sur le tableau, une recette à trouver. Regardez les rayons de librairie et vous serez impressionnés par le nombre de livres sur le sujet, le développement personnel est devenu LE sujet. Comme si un livre allait apporter la recette du bonheur, en tout cas c’est ce qui est vendu. Comme si une recette allait convenir aux milliers de personnes qui vont lire ce livre, comme si chaque être humain n’était pas un mystère unique et infini.
Je me méfie de tout ce qui s’apparente à une recette, parce que la technique vous est vendue de façon magique. Prenez la douche froide qui va en 5 mn rééquilibrer votre nerf vague et résoudre tous vos problèmes ! Pour certains la douche froide sera un bonheur, une véritable vivification du corps et du mental et pour d’autres elle viendra abîmer un système nerveux déjà fragile et ajouter de la honte à la honte. Car oui, si cette technique est miraculeuse comme on le vend, alors elle va faire des miracles et si elle ne marche pas sur moi alors cela vient renforcer la certitude d’être différent, nul, la honte et l’écroulement interne.
Un être humain est fait d’une histoire unique et il ne peut y en avoir deux pareilles, donc on ne peut appliquer des recettes toutes faites !
Que savons-nous de ce qu’une douche froide peut venir réveiller dans l’histoire de chacun ? Comment alors vendre, quelle qu’elle soit, une méthode comme magique.
Ce n’est pas parce que vous allez lire un livre sur les 5 blessures que vous allez guérir ! Un être humain, une histoire humaine est tellement plus vaste et complexe qu’un chiffre d’ennéagramme, une couleur, une blessure, un chiffre… Alors oui je me méfie de tout ce qui se nomme développement personnel parce que j’y vois une injonction moderne à aller bien ! A trouver les recettes et les coachs du bonheur !
J’ai même fait une formation qui s’appelait « coach de vie », vous vous rendez compte !
Coach de vie, rien que ça ! Mais moi je n’ai qu’un coach de vie, c’est l’Esprit Saint !
Comment prétendre coacher, diriger la vie de quelqu’un !
Je travaille donc dans le domaine de la thérapie, de la relation d’aide, parce que c’est dans la relation que je propose, ensemble, de dérouler les fils de la pelote de laine qui fait notre humanité. Et moi je ne suis là que pour aider à tirer les fils, à mettre de la clarté, de l’espace, de la compréhension.
Le thérapeute IFS propose une corégulation dans la relation.
N'y a-t-il pas une forme d’infantilisation permanente de nos sociétés à vouloir trouver des personnes qui nous diraient ce qu’on a à faire, qui on est, où on va ? Cela participe tellement d’une démission de la responsabilité, et quel paradoxe de vouloir se développer et gagner en liberté en donnant les rennes de notre vie à quelqu’un d’autre.
Je crois aux conseils mais je crois bien davantage à l’écoute qui descend dans les profondeurs pour permettre à l’autre de découvrir son mystère, ses blessures, ses chemins de travers, ses ressources, ses failles, ses forces, ses lumières et alors peu à peu apprendre seul à vivre avec, car personne ne le fera à sa place. Jamais.
Le mot thérapie est emprunté du grec therapeia, « soin religieux » lui-même dérivé de therapeuein, « servir, être serviteur », je me présente donc comme thérapeute pour être serviteur, accompagner, aider, avec un soin « religieux » pour ne surtout pas prendre la place et déposséder la personne de son histoire et de ses chemins de guérison qu’elle seule va découvrir et choisir dans une relation bienveillante et respectueuse.
